Octobre 2015 Crise des réfugiés : organiser la solidarité

BIGroupeSocV2 copie - CopieLa crise humanitaire sans précédent à laquelle l’Europe est confrontée pose la question de notre capacité à apporter des réponses justes et respectueuses de nos principes. Mobilisations organisées par de nombreuses associations, actions initiées spontanément par des citoyens, appel du parti socialiste à constituer un réseau de villes solidaires, engagements pris par l’État… la multiplication d’initiatives émanant tant de la société civile que des acteurs institutionnels a marqué l’attachement de nombre de nos concitoyens à un principe, le droit d’asile, qui est au cœur de notre héritage républicain, la Constitution de l’an I affirmant déjà dès 1793 que Le Peuple français est l’ami et l’allié naturel des peuples libres (…) Il donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté.

Ces élans de générosité et la vague d’émotion née du décès tragique du petit Aylan Kurdi ne peuvent toutefois occulter le fait que les derniers mois ont aussi été marqués par la multiplication d’amalgames et dérapages ainsi, malheureusement, que par la réaffirmation de replis et égoïsmes nationaux. La généralisation de l’emploi du terme « migrants », entretenant a dessein la confusion entre deux questions pourtant bien distinctes que sont l’immigration économique et la situation des réfugiés, est de ce point de vue assez symptomatique d’un climat politique nauséabond. De l’odieuse métaphore de la « fuite d’eau » à son rejet de la solidarité européenne demandée par la Commission de Bruxelles en passant par plusieurs sorties démagogiques sur les accords de Schengen, Nicolas Sarkozy a, de ce point de vue, particulièrement incarné les errements d’une droite française engagée dans une logique mortifère de surenchère permanente avec l’extrême droite.

Dans ce contexte, il est important de rappeler que, loin des polémiques abjectes, l’accueil d’hommes, femmes et enfants qui, fuyant la guerre, réunissent les conditions d’octroi de la qualité de réfugié ou du statut dit de protection subsidiaire – dont Monsieur Sarkozy semble ignorer l’existence – est avant tout une obligation juridique résultant notamment des engagements internationaux pris par notre pays.

On peut d’ailleurs se féliciter que, contrairement à d’autres, les socialistes ne soient pas restés dans le champ du discours ou de l’invective mais aient agit concrètement en initiant, dès l’été 2014, une réforme du droit d’asile qui a débouché sur l’adoption de la Loi n° 2015-925 du 29 juillet 2015 par le Parlement. Attendu depuis longtemps, ce texte améliore les droits des demandeurs d’asile, accélère l’étude de leurs dossiers, augmente le nombre de places en centres d’accueil et organise une répartition plus homogène de ces derniers sur l’ensemble du territoire national.

S’il s’agit là, avec les actions d’urgences mises en œuvre par l’État et les collectivités locales, de réponses concrètes apportées au niveau national, on peut toutefois déplorer que cette crise ait une fois de plus mis en évidence combien l’insuffisante intégration communautaire condamne l’Europe à l’impuissance et laisse le champ libre aux égoïsmes nationaux, mais c’est là un autre débat…

Nessrine Menhaouara

Conseillère départementale

Maire-adjointe

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